Le phénomène du coworking connaît un essor fulgurant depuis quelques années. Ce concept, qui consiste à partager des espaces de travail et à mutualiser les ressources, a conquis de nombreux professionnels, notamment les indépendants et les start-ups. Mais quel impact cette tendance a-t-elle sur le marché immobilier commercial ? Analyse d’un secteur en pleine mutation.
Une croissance impressionnante du coworking
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre de centres de coworking a été multiplié par près de 5 entre 2010 et 2019 en France. On dénombre aujourd’hui environ 1 800 espaces dédiés au coworking dans l’Hexagone, selon une étude réalisée par la société d’études Xerfi. Et ce n’est pas près de s’arrêter : la même étude prévoit une croissance annuelle moyenne de 15 % jusqu’en 2023.
Cette explosion du coworking s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’évolution des modes de travail : avec la digitalisation et la démocratisation du télétravail, les travailleurs sont de plus en plus mobiles et ont besoin d’espaces flexibles pour exercer leurs activités. Ensuite, la montée en puissance des freelances et des start-ups : ces professionnels recherchent des lieux conviviaux où ils peuvent échanger avec d’autres entrepreneurs et bénéficier de services mutualisés (accès à des salles de réunion, imprimantes, etc.). Enfin, le coworking répond à un besoin d’optimisation des coûts : les entreprises cherchent de plus en plus à réduire leurs dépenses immobilières en proposant à leurs salariés de travailler dans des espaces partagés.
Un impact significatif sur le marché immobilier commercial
Le développement fulgurant du coworking a eu des conséquences importantes sur le marché immobilier commercial. En effet, cette tendance a entraîné une hausse de la demande pour des espaces de bureaux flexibles et modulables. Selon une étude menée par le cabinet d’études Knight Frank, les centres de coworking ont représenté 15 % de la demande placée en Île-de-France en 2018, soit près du double par rapport à 2017.
Cette évolution a également modifié les attentes des locataires en matière d’aménagement et de services. Les entreprises veulent désormais des espaces qui favorisent la créativité et le bien-être au travail, avec par exemple des zones dédiées à la détente ou aux activités sportives. Les propriétaires doivent donc adapter leur offre pour répondre à ces nouvelles exigences.
Le coworking a aussi un impact sur les prix de l’immobilier commercial. La concurrence accrue entre les acteurs du secteur incite les propriétaires à proposer des loyers attractifs pour séduire les entreprises. D’après l’étude Xerfi citée précédemment, cela pourrait entraîner une baisse moyenne des loyers de 5 % d’ici 2023.
Des opportunités pour les acteurs de l’immobilier
Face à ces bouleversements, les acteurs de l’immobilier commercial ont tout intérêt à saisir les opportunités offertes par le coworking. Pour cela, ils peuvent développer leur propre offre de bureaux partagés, comme l’a fait par exemple la foncière Gecina avec son concept YouFirst Campus. Ils peuvent aussi nouer des partenariats avec des opérateurs de coworking pour proposer des espaces clés en main aux entreprises.
Certaines foncières ont déjà réussi à tirer profit du boom du coworking : selon une étude réalisée par l’IEIF (Institut de l’épargne immobilière et foncière), les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) investies dans des actifs mixtes, incluant notamment des centres de coworking, ont affiché une performance moyenne de 4,5 % en 2018, contre 3,9 % pour l’ensemble des SCPI.
Quels défis pour l’avenir ?
Si le développement du coworking offre indéniablement des opportunités pour les acteurs de l’immobilier commercial, il représente aussi un certain nombre de défis. Tout d’abord, les professionnels devront veiller à trouver un équilibre entre la flexibilité offerte aux locataires et la pérennité de leurs revenus locatifs. Ensuite, ils devront faire face à une concurrence accrue dans le secteur du coworking. De nouveaux acteurs, tels que les géants de la tech ou les chaînes hôtelières, pourraient en effet s’implanter sur ce marché prometteur.
Enfin, les acteurs de l’immobilier commercial devront anticiper les évolutions législatives et réglementaires liées au coworking. Par exemple, le gouvernement français travaille actuellement sur un projet de loi visant à encadrer les locations de bureaux partagés, afin d’éviter les abus et de protéger les travailleurs indépendants.
Ainsi, le coworking constitue à la fois une révolution et un défi pour le marché immobilier commercial. Les acteurs qui sauront s’adapter à cette nouvelle donne et saisir les opportunités offertes par cette tendance seront sans doute ceux qui tireront leur épingle du jeu dans un secteur en pleine mutation.